Pourquoi mon enfant refuse-t-il de partager ?

Karelle Vézina

11/5/20243 min read

Partager est une valeur souvent enseignée dès le plus jeune âge, mais il est tout à fait normal qu’un enfant traverse des périodes où le partage semble difficile, voire impossible. En réalité, ce refus de partager est un aspect naturel du développement de l’enfant. Dans cet article, nous explorerons les raisons derrière cette réticence et proposerons des stratégies pour encourager un partage sain et respectueux, en accord avec le rythme de l’enfant.

Comprendre le développement de l’enfant et son rapport à la propriété

Jusqu'à l'âge de 3 ou 4 ans, la notion de possession est très forte chez les enfants. Ce qu’ils considèrent comme "à eux" a une valeur émotionnelle particulière. Lorsqu'un enfant refuse de partager, il ne s'agit pas de caprice, mais plutôt de protection de ce qu'il perçoit comme une extension de lui-même. Le concept de "partage" est complexe car il exige de comprendre que quelque chose peut temporairement appartenir à quelqu'un d'autre, ce qui n'est pas naturel à cet âge.

La notion de sécurité et d’attachement

Pour un enfant, partager un jouet ou un objet aimé peut parfois donner l’impression de perdre une partie de son monde. Refuser de partager peut être une manière d’affirmer son besoin de contrôle sur son environnement et ses biens, une étape nécessaire pour développer un sentiment de sécurité et d’identité. Les enfants apprennent ainsi à construire leur propre identité en revendiquant certains objets ou territoires.

L’empathie en cours d’acquisition

Partager implique un certain niveau d’empathie, c’est-à-dire la capacité de se mettre à la place de l’autre. Ce concept se développe progressivement, et les enfants commencent réellement à comprendre les émotions et les besoins des autres autour de 4 ou 5 ans. Avant cela, leur vision du monde est souvent centrée sur eux-mêmes, ce qui est normal et attendu dans leur développement.

Comment encourager le partage sans forcer ?

Il est important d’adopter une approche douce pour encourager le partage, sans créer un sentiment d’obligation ou de frustration chez l’enfant. Voici quelques stratégies qui peuvent aider :

  • Donner l’exemple : Les enfants apprennent beaucoup par imitation. Si vous montrez que vous êtes prêt à partager vos affaires, même de petites choses, ils comprendront que le partage est un comportement positif et valorisé.

  • Encourager le "tour de rôle" : Proposez une alternative au partage immédiat en suggérant à votre enfant et à ses amis de faire des tours. Cela leur apprend la patience et la coopération sans que chacun se sente privé de l'objet.

  • Valoriser les efforts de partage : Lorsqu'un enfant partage volontairement, même pour une courte période, félicitez-le chaleureusement. Montrez-lui que ses efforts sont appréciés et valorisés.

  • Introduire des jeux collaboratifs : Les jeux de groupe ou les activités qui nécessitent une coopération favorisent naturellement le partage. En créant des situations où le partage est nécessaire pour atteindre un but commun, les enfants apprennent à partager de manière ludique.

  • Ne pas forcer le partage : Évitez de contraindre l’enfant à partager s’il ne se sent pas prêt, car cela peut créer de la résistance. Il est essentiel que le partage vienne d'une volonté naturelle et non par obligation, afin que l’enfant associe cette action à une expérience positive.

Respecter le rythme de l’enfant

Chaque enfant est unique et développe sa capacité à partager à son propre rythme. Il est important de ne pas comparer les enfants entre eux ou de leur imposer des attentes irréalistes en matière de partage. Soyez patient et encourageant ; avec le temps et un soutien bienveillant, l’enfant apprendra à voir le partage comme un acte naturel et enrichissant.

Le refus de partager est une étape normale et saine du développement de l’enfant, reflétant son besoin d’affirmer son identité et sa sécurité. En accompagnant l’enfant avec patience et compréhension, les parents peuvent l'aider à développer des compétences sociales tout en respectant son besoin de se sentir en contrôle de ses affaires. Avec le temps, et sans pression, les enfants apprennent à apprécier la valeur du partage et les joies de l’amitié, un partage à la fois.